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Intérêt général

L’IA dans la pratique juridique : la clé réside dans la formation des juristes

Madeleine Martins

Directrice générale SKEMA Canada

Le 15 février dernier, j’ai eu l’opportunité d’intervenir aux côtés de mesdames Me Danielle Ferron, Ad. E., Me Christiane Brizardet Me Alexandra Provost, de Langlois avocats lors d’une formation sur l’éthique et l’encadrement légal de l’intelligence artificielle, organisée par le Barreau de Montréal. Cette session a abordé les défis auxquels les juristes sont confrontés avec l’avancée de l’IA. Cet évènement a mis en lumière une réalité incontournable: pour naviguer efficacement dans ce paysage juridique en mutation rapide, une formation approfondie des juristes à l’IA est indispensable. 

Nombreux peuvent être les usages de l’IA dans le monde juridique : classement, indexation et recherche de documents, assistant juridique virtuel, retranscription ou traduction d’enregistrements audio, recherche juridique, rédaction de documents. Des initiatives telles que Justicebot facilitent également l’accès à la justice en fournissant des informations juridiques aux citoyens. Cela renforce la littératie juridique tout en contribuant à résoudre efficacement les litiges. Combiner les compétences humaines avec celles de l’IA pourrait favoriser des décisions juridiques plus éclairées, plus simples et plus rapides. 

L’intégration croissante de l’intelligence artificielle dans les métiers du droit soulève une série d’enjeux opérationnels, stratégiques et légaux qui nécessitent une attention particulière.

Sur le plan opérationnel, l’utilisation de l’IA dans le domaine juridique offre de grandes opportunités pour automatiser les tâches répétitives et accélérer les processus de recherche et d’analyse. Cependant, cela soulève des questions quant à la formation et à l’adaptation des professionnels du droit à ces nouvelles technologies, ainsi que sur la gestion des données et de la confidentialité.

Stratégiquement, l’IA transforme la façon dont les avocats travaillent, en leur permettant d’accéder à une quantité massive de données et d’informations juridiques de manière plus efficace. Cela ouvre la porte à de nouvelles stratégies de développement des affaires et à des approches plus innovantes pour la prestation de services. Néanmoins, cela exige également une réflexion sur la manière de concilier les compétences humaines avec celles de l’IA, ainsi que sur les investissements nécessaires pour tirer pleinement parti de ces technologies.

D’un point de vue légal, l’introduction de l’IA dans le droit soulève des questions complexes de responsabilité, de protection des données et d’éthique. Qui est responsable en cas d’erreur commise par un système d’IA ? Comment garantir la confidentialité des données manipulées par ces systèmes ? Ces questions nécessitent un cadre juridique solide et des politiques réglementaires claires pour assurer une utilisation éthique et responsable de l’IA dans le domaine juridique.

Les avocats doivent donc comprendre les aspects techniques de l’IA pour bien évaluer ses implications stratégiques, opérationnelles, légales et éthiques. Former les avocats à comprendre et à utiliser l’IA de manière éthique et efficace est donc essentiel. Cela leur permettra de conseiller leurs clients, de contribuer à un environnement juridique favorable à l’innovation tout en protégeant les droits individuels et d’anticiper les changements législatifs.

SKEMA Canada s’engage à préparer les professionnels du droit à relever ces défis en proposant des programmes de formation adaptés, en collaboration avec des experts du secteur. L’objectif est de garantir que la pratique juridique ouverte aux progrès technologiques demeure éthique.

Ainsi, l’adoption de l’IA par les métiers du droit apporte des changements opérationnels, stratégiques et légaux majeurs qui nécessitent une réflexion approfondie et une formation spécialisée afin de garantir une pratique juridique éthique et alignée sur les progrès technologiques, tout en maintenant un engagement envers l’excellence et l’éthique.